
Être confiné chez soi est un état insolite, qui bouleverse nos habitudes, nos certitudes, notre liberté et nos liens. Ce confinement a mille facettes, ainsi que des millions de visages. Devant les inégalités de nos conditions de logement, ainsi que les risques pris par celles et ceux qui nous soignent et nous alimentent, je récuse toute injonction de "rentabilité" associée au confinement. Bien que l'isolement peut nous apprendre des choses sur nous-mêmes, ce n'est pas un stage intensif de développement personnel. Point de culpabilité si l'on ne "profite" pas de ce temps pour réussir maints projets, que ce soit vider ses placards ou écrire son roman rêvé. Car l’angoisse sous-jacente à cette période inouïe d’urgence sanitaire ne nous rend pas forcément disponibles pour créer. La mort rôde et les récits dramatiques nous plombent insidieusement. Il est urgent de savoir se ressourcer.
Beaucoup ont été sidérés par la brutalité de ce confinement subit. La menace de la contagion, exacerbée par des médias anxiogènes, n’est guère propice au calme intérieur ! Peurs, frustrations et tempêtes émotionnelles nous guettent. Certains subissent le stress des casse-têtes quasi insolubles : concilier le télétravail et la télé-école des enfants, l’exigence d’être connecté malgré un manque d'outils informatiques ou de réseau. Cultivons la bienveillance pour soi et les autres en débusquant toute tendance Stakhanoviste, soyons dans l'accueil et non la critique. Quelles que soient les conditions de nos confinements divers, essayons de sauvegarder un terrain de friche intérieur dans lequel l’anxiété larvée, parfois inavouée, peut se décanter.
Sans le repère de la routine, le temps s’étale. Pour celles et ceux qui ne sont pas sur la ligne du front, la solitude et la trêve des obligations peuvent ouvrir une brèche vers l’intériorité. Comme dit Lao Zi dans ce verset du Dao De Jing :

« Sans ouvrir ta porte,
Tu peux ouvrir ton cœur au monde.
Sans regarder par la fenêtre,
Tu peux voir l’essence du Tao.
Plus tu sais,
Moins tu comprends.
Le Maître arrive sans partir,
Voit la lumière sans regarder,
Accomplit sans rien faire. »
Tao Te King, verset 47
Traduction de Stephen Mitchell
Il suffit d’une assise confortable et droite pour voyager dans le monde intérieur. On se pose, et se repose, dans l’écoute du souffle qui mène au silence guérisseur.
Je vous offre une méditation guidée pour vous ressourcer au plus profond de soi, loin des rumeurs du monde :
Paradoxalement, ce lâcher-prise permet d’agir spontanément avec justesse. Notre véritable élan de créativité est un jaillissement de la joie d’être qui nous anime. Que cette joie efface la peur et nourrisse la confiance, et qu’elle soit au rendez-vous du déconfinement, au rendez-vous de chaque matin nouveau.
Amitié,
Melanie
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